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Il semble que la néascolastique philosophie de la nature, qui a derrière elle une période assez longue de divers essais et expériences dans le domaine de sa méthodologie, commence, dans les dernières dizaines d’années, à parvenir au sujet de celle-ci à une conception plus profonde, plus correcte et plus précise que celle dont elle se servait encore récemment. Il est difficile d’apprécier autrement la situation lorsque nous prenons en considération cette solution du problème de la méthode de philosophie de la nature que nous trouvons chez Jacques Maritain. Il est vrai que la solution de Maritain exige même dans sa dernière version un approfondissement ultérieur, et une précision d'idées sous le rapport de la rigueur et de l’expressivité de leur contenu, une plus grande élaboration ultérieure de l’argumentation prise en considération, néanmoins cependant cetite solution constitue un progrès réel par rapport à ce que sur le sujet de la méthode de philosophie de la nature soutenaient les anciens néoscolastiques comme Désiré Nys et J. Lemaire, ainsi que ce que soutiennent encore aujourd’ hir sur ce sujet leurs continuateurs — Pierre Hoenen, SJ Célestin N. Bittle, OFM Cap, Jules Seiler, Joseph Hellin, SJ Philippe Selvagi, SJ, et autres.Selon Maritain la philosophie de la nature devrait trouver un appui non dans les faits scientifiques „bruts“, mais dans les faits „philosophiques“, c'est-à-dire dans les faits de l’observation préscientifique et scientifique, lesquels ont été confrontés avec les premiers principes de philosophie afin de mettre en relief la teneur philosophique qui y est caché. La première question qui s’impose, quant à cette conception de la méthode de philosophie de la nature, c’est la question de la valeur objective de la division des faits du domaine de premier degré d’abstraction formelle sur les faits scientifiques et sur les faits „philosophiques“.Dans la conception de Maritain ces deux groupes de faits diffèrent d’une manière essentielle sous le rapport de la langue conceptuelle, qui sert à les exprimer* Si cependant il entie réellement en jeu dans les deux groupes une particularité de la langue conceptuelle, si, selon Maritain, les faits scientifiques se tient avec l’analyse empiriologique de la nature et les faits „philosophiques" avec son analyse „ontologique“, dans ce cas alors, si nous prenons en considération le sujet accepté par le penseur français pour l’une et l’autre forme d’analyse, nous devons dire, crue dans sa conception les deux groupes de faits diffèrent aussi dans l'aspect ontologique. Examinons de plus près la chose.Dans les faits scientifiques entrent en jeu les données qui reposent sans reste au niveau des aspects phénoménals de la nature. Ce sont certains arrangements des relations survenant entre les éléments de phénomènes déterminés, et dans ces arrangements des conditions on introduit dans les sciences de la nature, non seulement des processus qui s’accomplissent dans la nature, Mais aussi, asubstantialistiquement conçus, ses êtres composants jusqu'à l’homme inclusivement.Dans les faits „philosophiques“ se montrent, au contraire, les données, qui se concentrent sur l’essence des choses soumises au mouvement "physique, sur l'essence prise ensemble avec l’existence réelle et à l’appui de cette existence. Les faits „philosophiques“ se concentrent jusqu’ à un tel degré sur cette essence, que, si même il est question dans les cadres de la philosophie de la nature de phénomènes déterminés, on en tient compte dans la discipline citée, non pour eux-mêmes comme dans les sciences de la nature, mais comme une manifestation d’une telle ou telle essence.Si nous avons caractérisé correctement les deux groupes de données, qui, selon Maritain, reposent à la base, isolés par lui des faits scientifiques et des faits „philosophiques“, dans ce cas alors nous devons dire, que quoique selon l’opinion du thomiste français, les faits relatifs aux sciences de la nature et à la philosophie de la nature touchent les mêmes choses individuelles, mais cependant par rapport à ces choses se placent, ainsi ou autrement, sur deux typiquement différents niveaux d’existence, qui se laissent dégager en dépendance de la rencontre de deux modes différents d’existence, dont, conjointement encore avec d’autres modes d’existence, St. Thomas d’Aquin écrivait dans la première leçon de son commentaire du livre IV de la Métaphysique d’Aristote. Les faits scientifiques se tient avec les modes de l’existence accidentelle, surtout avec la manière de l’existence propre à la quantité. Leur liaison avec ce mode d'existence doit être nommée liaison au sens matériel, car le naturaliste, comme tel, ne sépare pas encore formellement ces modes d’existence accessibles à la réflexion philosophique, se bornant dans son point de vue phénoménologique à leur conception sous l’aspect de ce qui est donné pour ses méthodes de recherches, ce qui s’arrange pour lui dans l’emploi de ces méthodes sur le sujet, conçu comme le corrélât de la connaissance tendant vers une objectivité de plus en plus grande. Les faits „philosophiques“ se concentrent par contre formellement, directement ou indirectement, autour du mode substantiel d’existence. En définissant cette concentration comme formelle je veux marquer que dans leur cas le mode substantiel d’existence reste conçu en traits caractéristiques pour lui, quoique en restriction aux êtres soumis, dans telle ou telle étendue, au mouvement physique.Ayant accepté que les faits, dont parlent les sciences de la nature et la philosophie de la nature, se séparent d’entre eux, non seulement dans l’aspect conceptuel, mais aussi dans l’aspect ontologique, Maritain avait plein droit de traiter ces faits comme deux différents groupes de faits. Et nous aussi nous ne pouvons les juger autrement si seulement nous lions les faits relatifs aux sciences de la nature avec l’analyse empi- riologique et les faits relatifs à la philosophie de la nature avec l’analyse „ontologique“ avec cela que nous comprenons aussi l’une et T autre forme de l’analyse conceptuelle comme les comprend Maritain.A l’état de choses constaté par nous rien n’empêche que par suite de l’usage répandu dans les temps modernes de la réservation spéciale du nom „sciences“ entre autres pour les disciplines naturelles, de nommer conventionnellement les faits de leur domaine „faits scientifiques“. Quant aux faits du domaine de la philosophie de la nature, leur dénomination comme faits „philosophiques“ a un caractère trop général, car il s’agit ici seulement d’une catégorie de faits „philosophiques“. Néanmoins cependant nous pouvons garder cette appelation pas trop précise, vu qu’il est difficile d’exprimer le caractère spécifique des faits du second groupe, car nous appelons notre discipline philosophique „philosophie de la nature“.À présent quand examinant la valeur objective de la division admise par Maritain pour les faits de la sphère du premier degré de rabstraetion formelle, nous pûmes établir en quoi consiste la particularité spécifique des faits scientifiques et „philosophiques“, nous avons toutes les données nécessaires pour cela afin que nous puissions constater que Maritain en principe a raison, quand contrairement à de tels auteurs comme Nys, Bittle, Seiler, Heflin et Selvaggi, il réclame les appuis pour la philosophie de la nature non sur les faits scientifiques „bruts“, mais sur les faits „philosophiques“ bien que les motifs avancés par lui ne soient, peut-être, pas pleinement satisfaisants. Commençons à partir de ce dernier point.Maritain soutient que la philosophie de la nature pour cela ne peut sortir de faits scientifiques „bruts“ car de ce genre de faits on peut tirer uniquement des conclusions scientifiques et non philosophiques. Si cependant Maritain comprenait dans ce cas par les conclusions le résultat du raisonnement déductif dans lequel nous cherchons les conséquences pour les raisons qui nous sont donnés d’avance dans les propositions considérées par nous comme étant sûres, alors dans ce cas nous devrions dire que le thomiste français n’aperçoit pas que la forme dominante et en même temps la plus révélatrice de raisonnement dans les cadres de la philosophie de la nature c’est le raisonnement réductif, plus exactement, le dernier du point de vue de la discipline citée, une interprétation des faits „philosophiques“ déterminés, constatés, dans le domaine de la nature, et non le raisonnement déductif — une inférence dans le sens indiqué tantôt, dans laquelle inférence les conséquences logiques devraient avoir le même caractère, que possèdent les raisons. Si cependant Maritain a pris l’inférence au sens plus large, tel qu’il parlerait de l’inférence de la raison sur sa conséquence (inférence déductive) mais aussi de l'inférence de la conséquence sur sa raison (inférence reductive), alors nous devrions reprocher à Maritain ce que nous devons critiquer chez Nys, Norbert M. Tuyten OP, Hellin, Joseph de Tonquédee SJ, et Jaime Echarri SJ qu’il s’est borné dans ce cas à une trop générale caractéristique méthodologique de la philosophie de la nature. Cependant indépendamment de cela, si Maritain mérite le premier reproche avancé par nous, ou le second — cette chose n’est pas suffisamment claire — nous avouerons, que l’auteur en question, en principe touche juste à la chose, car en s’appuyant sur le principe que l’ordre des moyens doit répondre à l’ordre des buts, il affirme que les faits, dont se sert la connaissance dans le domaine de la philosophie de la nature, devraient appartenir avec elle à ce même ordre, donc devraient être des faits „philosophiques“.En passant à une présentation plus détaillée de la relation de la philosophie de la nature aux faits „philosophiques“ tirés de l’expérience préscientifique ainsi que de l’observation scientifique et de l’expérience scientifique, Maritain soutenait jusqu’à la publication des „Quatre essais sur l’esprit dans sa condition charnelle“ (1939) que la base suffisante pour la discipline citée, ce sont les faits „philosophiques“ du premier groupe. Quant aux faits „philosophiques“ du deuxième groupe, Maritain en jugeait à l’époque indiquée, qu’ils servent seulement comme affirmation supplémentaire aux faits „philosophiques“ déjà établis, au renouvellement et à l’élargissement de la base de sortie de la philosophie de la nature aux nouveax faits „philosophiques“, de permettre à une nouvelle exemplification pour ses idées et à sa libération de quelques naïves représentations. C’était donc plus ou moins la position rapprochée de celle prise entre autres par Joseph Gredt OSB, Gallus M. Manser OP, et Fernand Benoirte, ou celle que nous trouvons chez Charles Boyer SJ, chez Luy- ten, chez H.D. Gardeil OP, et chez J. de Toinquédee. En publiant „Quatre essais sur l’esprit dans sa condition charnelle“ Maritain a changé ses opinions, d’autant qu’il a commencé à soutenir, que nous n’aurions pas la philosophie de la nature, ou plutôt que nous la condamnerions du moins à un non-développement intérieur, si nous voulions l’appuyer sur les seuls faits de l’expérience courante avec l’omission de faits scientifiques soumis à la lumière philosophique.Ce changement d’opinions chez Maritain est très heureux. Même pour la philosophie moyenâgeuse de la nature, les données de l’expérience préscientifique, prises à la lumière philosophique ne pouvaient constituer une base suffisante à l’étude de tous ses problèmes. La certitude qu’il en était effectivement comme cela a commencé à prendre la voix chez Maritain même avant la publication du livre cité. Cette certitude se fait sentir à travers de justes énoncés sans doute, énoncés critiques du penseur français, publiés avant 1939, au sujet de la moyenâgeuse philosophie de la nature, que le renouvellement de la géométrie, commencé par Nicolas Lobaozewski et Jean Bolyai, nous oblige à épurer bien des notions concernant la quantité; que — en rapport avec la disparition, sur le terrain de la physique, de l’idée de la continuité de la matière — nous ne pouvons lier aujourd’ hui l’unité substantielle des individus charnels avec la dite continuité, mais dans • ce cas nous devons modifier ridée de l’unité substantielle en comprenant la relation transcendentale de la matière à la quantité comme une relation transcendentale à une constellation de positions; qu’en présence de ce que dit la physique de „l’organisation“ de l’atome, nous ne pouvons actuellement attribuer l’organisation à la seule matière animée, et c’est pour cela que par des traits caractéristiques distinguant un organisme vivant ils peuvent être pour nous uniquement un équilibre progressif, et une activité autonperfectionnante, immanente et que enfin les découvertes modernes concernant la structure de la cellule organique (surtout de la cellule-oeuf), des éléments sexuels, de la parthénogenèse artificielle, etc., apportent des précisions nouvelles de la plus grande valeur concernant 3 a manière dont on peut poser le problème, de réduction de l’âme végétative de la puissance de la matière. Quand, conjointement avec ces observations de Maritain, nous nous rappelerons la solution naïve de la philosophie moyenâgeuse se rapportant a l'origine de 3a vie dans le plan de causes efficientes seconders d’après laquelle solution certains animaux moins parfaits (quaedam animaiia imperfecta) naissent du processus putréfactif par suite de Faction d’une force active de corps célestes (ex putrefactione ... per virtutem activam corporis caelestis), nous aurons, comme on peut le juger, une base suffisante pour constater, que même la philosophie moyenâgeuse de la nature ne put parvenir à une suffisante étude critique d’une série de ses problèmes, parce qu’elle n’avait pas à sa disposition d'études naturelles nécessaires qui dans ces temps n’étaient pas encore entreprises.Et s’il en était ainsi avec la philosophie de la nature au moyen-âge, à plus forte raison aujourd’hui on ne peut, sans tenir compte largement des données des sciences de la nature, effectuer un travail quelconque de problèmes philosophiques qui n’existaient pas pour les philosophes moyenâgeux de la nature avec leur base d’experience courante, p. ex. le problème de l’essence et d'importance de l’énergie physique ainsi que son rapport à la matière, le problème de révolution des êtres vivants ou le problème plus particulier d’une liaison génétique du corps humam avec le monde animal. Quand nous savons actuellement comme une petite partie de la réalité constitue le monde de l’expérience courante, et comme sans comparaison plus étendue se trouve par opposition à lui le monde de l'expérience scientifique, nous ne pouvons entreprendre de problématique philosophique concernant, tout le cosmos, possible aujourd’hui a connaître, sans tenir largement compte de l'apport de la part des sciences de la nature. Si nous prenions en considération pour l'édification de la philosophie de la nature les seules données de l'experience préscientifique, non seulemenl nous appauvririons de beaucoup, d’une manière injustifiable, la problématique de nos recherches et nous perdrions l'occasion d’introduire de nouvelles lumières ainsi que de nouvelles solutions, mais nous nous exposerions a la surestimation de la valeur philosophique de ce que nous montre l’expérience courante, comme auss, à l'objectivation de notre point de vue subjectif, sans parler déjà que nous serions soupçonnés de fuir devant les difficultés avec lesquelles se rencontrent sur le terrain des sciences de la nature les anciennes formules philosophiques et d’un essai, raté d’avance, à vouloir sauver quelques opinions périmées Aujourd’hui même nous ne sommes pas en état de défendre ces thèses du domaine de la philosophie de la nature, pour lesquelles les anciens scolastiques avaient une base suffisante dans l’expérience préscientifique, conçue du point de vue philosophique, devant tous les reproches sans prendre en considération les acquisitions des sciences de la nature, car actuellement tous ces reproches sont puisés dans ces sciences. On ne peut oublier également que la scolastique philosophie de la nature, née à la base de l’expérience préscientifique et liée avec plusieurs fausses interprétations vulgaires, exige en cas de sa réception un vigilant contrôle critique auquel les sciences de la nature fournissent le plus de matériel décisif.