Zeitschrift für Sozialforschung

Volume 2, Issue 2, 1933

Leo Löwenthal
Pages 198-212

Zugtier und Sklaverei
Zum Buch Lefebvre des Noettes’ : ,,L’attelage. Le cheval de selle à travers les âges“.

Cet article étudie l'aspect sociologique des recherches de Lefebvres des Noëttes, plus particulièrement son ouvrage : „L'attelage. Le cheval de selle à travers les âges“. Comme le sous-titre de cet ouvrage („Contribution à Thistoire de l'esclavage“) l'indique déjà, le savant français y étudie la technique de l'attelage des animaux de trait. Il tend à démontrer que ce fut l'insuffisance de ces derniers, phénomène resté inchangé jusqu'au vu® siècle de l'ère chrétienne, qui joua un rôle principal dans le maintien de l'esclavage. Les travaux les plus pénibles, le transport des grosses charges en particulier, qui furent accomplis plus tard par les animaux et qui le sont aujourd'hui essentiellement par des moyens mécaniques, ne pouvaient en effet être exécutés à cette époque qu'en recourant au travail forcé, élément caractéristique de l'esclavage. L'histoire nous montre qu'il existe un rapport direct entre l'ampleur des réalisations de l'homme, tout particulièrement des constructions et des routes, et la rigueur avec laquelle on traitait les êtres privés de liberté. Même dans les temps modernes, l'institution de l'esclavage réapparaît, sous une forme ou sous une autre, partout où la force animale est insuffisante (plantations en Amérique du Sud, portage en Afrique centrale). La question de l'esclavage peut donc aujourd'hui être traitée comme une branche de 1' „histoire critique de la technique“, comme un chapitre de la grande controverse entre l'homme et la nature, retirant ainsi tout fondement aux vagues explications politiques ou morales concernant l'origine et le déclin de l'esclavage. This essay deals with the sociological significance of Lefebvres des Noettes' researches, in particular with his work „Harnessing. The Saddle- Horse throughout the Ages“. As the sub-title of his book „Contribution to the History of Slavery“ indicates, the French scholar studies the technical art of harnessing draught-animals, and endeavours to show how its inadequacy, which remained unchanged right into the seventh century A. D. was an essential condition for the maintenance of slavery. For the heavy labour-tasks, above all the transport of huge loads, which later were based on animal-power and to-day are largely accomplished by mechanised locomotion, were then only to be achieved by man-power, by the use of force, as exemplified in slavery. In history there obtains a direct relationship between the extent of cultural achievements, shown especially in buildings and roads, and the severity in the treatment of slaves. Wherever in more recent times, there was not at hand, an extensive draught-animal apparatus, there arose, in some form or other, the institution of slavery (plantations in South America, porters in Central Africa). Such an interpretation makes it possible to consider the question of slavery, as a part of the „critical history of technology“, and as a chapter in the struggle of man against nature. In this way, vague political or moral explanations of the rise and fall of slavery lose all their force.