Travaux du IXe Congrès International de Philosophie

Volume 1, 1937

Études Cartésiennes I

Karl Löwith
Pages 74-79

Descartes’ vernünftiger Zweifel und Kierkegaards Leidenschaft der Verzweiflung

Kierkegaard pousse à fond le doute raisonnable de Descartes sur l’apparence sensible du monde jusqu’à en faire la passion du doute sur l’existence dans le monde comme telle, pour revenir devant Dieu, à la certitude de la foi. En principe, il admet la distinction cartésienne du moi et du monde. Pour la philosophie hégélienne de la médiation de « l’être soi » et de «l’être autre », ce dualisme appartient à une époque périmée ; mais Nietzsche, par l’échec de son essai pour retrouver l’unité perdue de l’homme et de l’univers en revenant aux présocratiques, prouve la valeur persistante de la pensée de Descartes. La domination intellectuelle du monde par la civilisation technique est déterminée par la conscience de soi et du monde, le doute et la certitude, tels que les entend Descartes.