Symposium

Volume 17, Issue 2, Fall 2013

Éthique, Politique et Subjectivité chez Michel Foucault

Lawrence Olivier, Francis Lapointe
Pages 7-30

À la recherche du politique dans le travail de Michel Foucault

La plupart des recherches entreprises sur la philosophie de Michel Foucault ont visé jusqu’à maintenant à définir et assigner son travail à une étiquette politique définie. Foucault est pour les uns anarchiste, pour les autres nihiliste ou encore simple militant de gauche. Ce qui est étonnant avec cet effort, c’est que malgré la multiplicité des lectures, elles peuvent toutes se justifier et trouver quelques appuis dans son oeuvre. Par contre, en entreprenant la recherche du politique de cette façon, c’est-à-dire en posant à Foucault la question programmatique du « ce qu’il faut faire », nous tombons dans un piège que lui-même a toujours souhaité éviter, celui d’« unidimensionnaliser » sa pensée. Mais alors, comment lire son oeuvre sans nous-mêmes appliquer cette morale d’État civil demandant à chaque philosophe ses papiers politiques ? En quoi, si nous refusons cette question, la pensée de Foucault peut-elle demeurer une pensée politique ? Notre thèse est la suivante : en examinant la manière avec laquelle Foucault ré􀏔léchit le politique dans son cours au Collège de France Le Gouvernement de soi et des autres, nous p ouvons m ontrer c omment, vers la fin de sa vie, il a changé l’angle de la question. En effet, dans ce cours, l’activité politique n’est plus envisagée à partir de la question du « ce qu’il faut faire », mais à partir de l’expérience du pouvoir elle-même, c’est-àdire comment sommes-nous en mesure d’exercer le pouvoir sur les autres. La tâche du philosophe n’est donc plus celle du « donneur de leçon » pense Foucault dans ce cours, mais celle de faire de sa vie un exemple où parole et acte, discours et vérité sont intimement reliés.