Zeitschrift für Sozialforschung

Volume 2, Issue 2, 1933

Max Horkheimer
Pages 162-197

Materialismus und Moral

L'idéalisme comprend le devoir moral comme une catégorie éternelle et le formule en lois qui s'adressent aux sentiments de chaque individu. Le matérialisme, au contraire, cherche à expliquer la conscience morale par les conditions sociales et à l’exposer historiquement. L'article ci-dessus donne les grandes lignes d'une telle analyse. Il distingue entre la morale, phénomène de notre temps, l'éthique de l'antiquité et la conception autoritaire du moyen âge. La morale se base essentiellement sur la société bourgeoise, dans laquelle l'intérêt particulier et l’intérêt général sont distincts. L'individu qui, dans l'activité quotidienne, ne recherche que son propre avantage, éprouve à l’appel de sa conscience, le souci de la société. L'auteur démontre ce fait au moyen d'une analyse de l’impératif catégorique de Kant. La morale bourgeoise contient déjà les germes de sa victoire sur elle- même. Elle tend vers une société dans laquelle le devoir et l'intérêt ne seront plus séparés. On retrouve cette tendance non seulement chez Kant, mais encore chez d'autres grands philosophes bourgeois. Les idées de justice, d'égalité et de liberté prennent peu à peu, au fur et à mesure que la société bourgeoise se développe, une autre signification que celle qu'elles paraissent avoir eue au début ; elles exigent aujourd'hui la modification des conditions pour l'introduction desquelles elles ont pourtant été proclamées à l'origine. Cette dialectique est une des raisons de la perplexité actuelle en matière d’idées sur le monde et la vie. Dans l'exposition de cette dialectique, l'auteur montre comment les idées bourgeoises ne vivent plus aujourd'hui dans la pensée idéaliste, mais bien plus dans la pensée matérialiste. Les deux formes principales d’expression de la morale ont actuellement, d’après M. Horkheimer, la pitié et la politique. Elles ne peuvent pas être rationnellement liées l'une à l'autre, mais le sens moral se manifeste dans toutes deux. L'impulsion morale est vivante non seulement dans la vie pratique, mais aussi dans la science. Le matérialisme nie la possibilité d'une science entièrement objective : les intérêts des hommes influencent la recherche scientifique. Il est vrai que ces intérêts, si sublimes qu'ils puissent être, ne sont pas l'émanation d’un sujet libre, comme l'enseigne l'idéalisme, mais la conséquence nécessaire du processus historique. Aussi le matérialisme n’exige- t-il nullement, pour autant que le respect de la vérité reste l'élément de base, le manque de chaque jugement moral dans la science. La croyance du positivisme actuel à la possibilité de faire des constatations affranchies de toute théorie, comme d'ailleurs son aversion envers toute théorie en général, sont dues à ce qu’il ne possède pas lui-même de grandes idées directrices. La théorie naît partout où les connaissances sont sciemment rapportées à un but, c'est-à-dire strictement en relation avec des valeurs de la pratique. Philosophical idealism conceives moral obligation as an eternal category, and formulates it in commandments that appeal to individual sentiment. Philosophical materialism on the other hand, endeavours to explain moral consciousness in terms of social conditions, and to present it in its historical perspective. This essay attempts to furnish the main features for such an analysis. It distinguishes ethics, as a phenomenon of modern times, from that of ancient times, and from the authoritative attitude in the middle ages. Its foundation rests on bourgeois society in which individual and collective interests become sharply separated from each other. The individual, who in his daily work looks to his private interests, experiences through his conscience, concern for the public welfare. H. proves this through his analysis of Kant’s categorical imperative. Bourgeois morality already contains within itself the seeds of its own dissolution. It indicates a society in which duty and interest are no longer separate. This tendency in ethics becomes manifest, not only in Kant, but also in other great philosophers of bourgeois society. With the development of the latter the ideas of Justice, Equality, and Freedom acquire a content other than that they seem to have possessed in their genesis, and to-day require that change in conditions, to effect which, they were originally introduced. This dialectical process is one of the causes of the present-day philosophical uncertainty. H. shows in his exposition of this dialectical process, how bourgeois ideas are no longer active in idealist thought, but are so in materialist thought. The two main forms in which contemporary ethics expresses itself, are according to H. pity and politics, which cannot indeed, in a rational way, be connected one to the other. Both arise out of a moral sentiment. This moral impulse is active not only in practical life, but also in knowledge. Philosophical materialism denies the possibility of completely objective knowledge : men’s interests find expression also in their cognition. Indeed, however sublime these interests are, they do not spring from „free“ beings, as idealism maintains, but are the necessary results of historical processes. Accordingly, materialism in no way claims for knowledge, freedom from all subjective valuations, but only that a consideration for truth, remain the dominant characteristic. The belief of modern positivism in the possibility of attitudes free from all valuations, as well as its disinclination for all theory, is due to the fact that it possesses no great leading ideas. In all cases is theory vindicated, only when knowledge has a definite aim, that is, when it is related to practical values.

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