Roczniki Filozoficzne

Volume 11, Issue 3, 1963

Iwo Kołodziejczyk
Pages 65-80

La Preuve Mathématique de L'existence de Dieu dans Philosophia Mathematic a de Weigel

La preuve à laquelle Weigel donne une forme géométrique et qu'il fonde sur la notion d’être limité à la seule catégorie de quantité, se réduit à l'affirmation que l'existence actuelle du monde de différents êtres finis est éphémère et, dans chaque moment, toujours nouvelle, quoique l'essence de ces êtres reste inchangeablement la même. Weigel fait remarquer que cette existence ne dépend pas du moment de l'existence passée, ni de l’existence encore non actualisée. Elle ne ,se forme pas non plus par elle-même. Il faut donc qu'il existe un Créateur inlassable qui à chaque moment appelle le monde à l'existence actuelle par un acte nouveau. Weigel appuie ces arguments sur les axiomes suivants: 1° Si l'être n'existe pas, il n'agit pas. Comme l'existence passée n'existe pas, car celle qui la suit est actuelle, rien n'agit. 2° La cause et son effet existent ensemble. L'existence précé dente n’est pas la cause de l'existence actuelle, car autrement rien ne serait en mouvement, rien ne disparaîtrait. 3° Nulle chose ne peut ex sui nihilo appeler elle-même à une subsistance réelle. Pour confirmer sa thèse, Weigel invoque l'autorité de plusieurs auteurs et celle de la Révélation. La thèse du changement successif de l'existence pourrait faire croire que Weigel non seulement identifie le temps et l'existence mais encore que c'est par cela même qu'il aboutit à ses conclusions. Cependant il n'en est rien. Les bases de la théorie de Weigel sont autres. Il en parle au début de sa démonstration en définisssant la notion d'essence et la notion d'existence. Il résulte de ses définitions que l'auteur identifie la forme substantielle et l'essence, et que par conséquent il considère comme la même chose l'essence de l'être concret ou le sujet de l'existence, et l'essence de l'espèce ou notion conceptuelle de l'essence. L'auteur fait la réserve expresse que tout être fini existant comporte seulement l'essence — qui est le principe formel, idéal et spécifiant — et le principe matériel déterminé par l'essence. Il n'admet pas non plus la différence réelle entre l'essence et l'existence. En simplifiant donc la réalité des degrés de composition en ce qui concerne l'être, de la puissance et de l'acte, en limitant ensuite cette composition au seul principe matériel et à l’acte de l'existence, Weigel se trouve dans l'impossibilité de parler de la causalité efficiente des corps naturels qui au moyen de la transformation dégagent de la virtualité de la matière première un nouvel acte déterminant l'essence de choses à laquelle Dieu ajoute l'existence. Il se trouve de même coup dans l'impossibilité de dire que Dieu est le Coauteur de la substance existante: Il est son Créateur. C'est de Lui exclusivement que dépendent aussi bien la forme et l'essence que l'existence de l'être. Et le mode de la naissance de la chose détermine la durée de celle-ci. Au point de vue formel la preuve est correcte, mais on ne saurait dire la même chose des principes qui sont à sa base: ils ne sont pas conformes à la nature réelle des êtres. Si l'on part des principes de Weigel, on ne peut pas expliquer l'interdépendance réelle entre les êtres et le problème des sanctions morales ainsi que celui de la responsabilité des êtres raisonnables n'y trouvent pas de solution non plus. Il est également impossible de résoudre dans cette perspective le problème de la nature des êtres relevant du monde spirituel (âme humaine, ange, Dieu) et des différences entre ces êtres. La réalité est soumise à des changements continuels, mais ces changements ne prouvent nullement la nécessité de la créer continuellement L'existence des êtres est quelque chose de relativement constant: elle subsiste aussi longtemps que dure l'essence. L'existence est étroitement liée à une essence substantielle déterminée et il est impossible qu'elle subisse à chaque moment l'annihilation, car alors l'essence devrait connaître le même sort. Cependant l'essence reste immuable quoiqu'il s'y produise dans la chose des changements accidentels.