Roczniki Filozoficzne

Volume 11, Issue 2, 1963

Jozef Majka
Pages 43-86

Le Probleme de l'Usure dans la Scolastique

À l'époque de la scolastique, du XIIe au XVIIe s., on discute presque sans cesse la question de savoir dans quelle mesure il est légitime d'admettre des transactions et des institutions économiques qui pourraient être reconnues comme usuraires. Le résultat de ces discussions est une lente mais constante évolutions des opinions et des prescriptions du droit canon en cette matière. L'auteur suit pas à pas cette évolution et il essaie de montrer les facteurs qui influent sur la formation de la doctrine morale et de la législation canonique relatives au problème en cause. A cet effet il présente d'abord le développement des rapports socio-économiques du point de vue de leur influence éventuelle sur l'évaluation morale de différentes transactions économiques. Ensuite il étudie le développement des institutions du droit commercial, plus particulièrement les différentes formes de contrats économiques qui tout en tirant leur origine du droit romain, tiennent compte des conditions socio-économiques nouvelles. C'est seulement après ces considérations préliminaries que l'auteur en vient à l'analyse des opinions de moralistes médiévaux, parmi lesquels S. Thomas d'Aquin occupe une place de choix, pour ensuite passer aux modernes, en première ligne à ceux de Salamanque et aux théologiens jésuites du XVIIe s. Un adoucissement de la doctrine morale relativement à l'usure est amené par une plus grande précision de la notion de mutuum, par le nombre croissant des litres extérieurs d'intérêt et enfin par le fait que de nombreuses formes nouvelles de contrats économiques sont regardées comme non usuraires. La législation synodale subit une évolution analogue. Elle suit cependant avec un certain retard le développement de la doctrine ce qui explique le fait qu'au début de l'époque en question, on observe même un certain regain de rigueur des prescriptions en ce qui concerne l'usure. Leur adoucissement ne se fait remarquer qu'après le concile de Vienne, du fait notamment du rétrécissement de la notion même d'emprunt, du fait aussi de la précision quelles transactions sont à considérer comme usuraires. L'auteur souligne l'influence des conceptions juridiques sur le point de départ et la méthode de l'analyse du problème en question dans les écrits de moralistes, mais en même temps il met en lumière l'influence opposée, à savoir celle des conceptions doctrinales sur les formulations canoniques. Les moralistes aussi bien que les canonistes restent, malgré les apparences, en contact intime avec la réalité socio-économique. Malgré toute leur fidélité aux principes, leur attitude est au fond élastique et eile prouve qu'ils sentent bien les exigences de la raison du bien commun économique.