Volume 4, 2013
Transitional Justice and Civil Societies after Dictatorial Regimes
Camelia Runceanu
Pages 112-152
Le « procès du communisme » et les formes de la rhétorique de l’« anticommunisme » dans la presse intellectuelle roumaine au
début des années 1990
Sous l’emprise de l’urgence, a la suite de la démission du communisme, des intellectuels autonomistes d’avant 1989 se mobilisent au nom de la morale. Le regroupement d’intellectuels permet de mettre en valeur le capital moral qu’ils cumulent et que certains ont obtenu avant 1989 et le volume du capital symbolique en procédant a une réévaluation du capital culturel acquis sous le communisme pour s’engager au nom des valeurs intellectuelles. L’affirmation collective des intellectuels suppose la construction d’une identité commune qui est en rapport avec l’évaluation du passé. Cet article présente une premiere étape dans le travail de construction d’une identité commune et de légitimation des engagements intellectuels qui consiste dans le recours a la mémoire individuelle au moment meme de la restructuration de l’espace politique et dans la formulation du « proces du communisme » comme proces « moral
». Le témoignage est une forme prise par le travail de mémoire qui prend une place importante dans les stratégies discursives de légitimation de la position des intellectuels, des revendications d’un rôle politique par des intellectuels consacrés sous le communisme et des intellectuels autonomistes de la période communiste. Le travail de mémoire qui nous est présenté sous diverses formes s’inscrit et fonde l’objectif principal de ces intellectuels, a savoir faire le « proces du communisme ».