Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie

Volume 46, Issue 4, Fall/Automne 2007

Celine Bonicco
Pages 637-662

Une critique d’explication par les causes finales
l’anticontractualisme de Hume. Une histoire naturelle du politique

RÉSUMÉ: Cet article se propose de montrer comment la critique de la théorie contractualiste opérée par David Hume est la conséquence politique de son analyse de la causalité. Hume rejette le contractualisme avant tout pour des raisons méthodologiques : une explication par les causes finales n’est jamais une explication satisfaisante. Or, le contractualisme applique au domaine politique l’argument du dessein présenté dans les Dialogues sur la religion naturelle. La genèse du politique déployée dans le Traité de la nature humaine doit alors être envisagée comme l’application particulière du seul mode d’explication pertinent des phénomènes, l’histoire naturelle, où la sympathie configure et reconfigure, de manière immanente, la société. À la causalité finale, il faut substituer la causalité efficiente. La théorie politique de Hume dans ses deux versants, négatif et positif, est indissociable de son épistémologie. ABSTRACT: This article proposes to show how David Hume’s critique of contractualism is the political consequence of his analysis of causality. Hume rejects contractualism mainly for methodological reasons: explanations based on final causes are never satisfying. Therefore, contractualism applies to the political sphere the argument from design presented in the Dialogues concerning Natural Religion. The genesis of politics unfolded in A Treatise of Human Nature must be seen as a particular application of the only pertinent way of explaining phenomena, i. e., natural history, in which sympathy immanently configures and reconfigures society. The final cause must be replaced by the efficient cause. Hume’s political theory-either positive or negative-and epistemology cannot be dissociated.