Chiasmi International

Volume 13, 2011

Merleau-Ponty Fifty Years After His Death

Paolo Godani
Pages 349-359

Variazioni Sul Sorvolo
Ruyer, Merleau-Ponty, Deleuze e lo statuto della forma

Variations sur le survol Ruyer, Merleau-Ponty, Deleuze et le statut de la forme La question principale que j’aborde dans cet article concerne la manière dont Merleau-Ponty et Deleuze assument l’héritage du finalisme du vingtième siècle. En analysant certains textes fondamentaux de ces deux auteurs, on aperçoit en effet clairement leur dette à l’égard, notamment, du néo-finalisme de Raymond Ruyer. Autant Merleau-Ponty que Deleuze lisent l’oeuvre de Ruyer en la séparant de son contexte d’origine et de ses intentions explicites, à savoir hors de toute exigence de nature épistémologique. Entre ces deux auteurs subsiste toutefois une différence substantielle dans la manière d’employer les concepts ruyériens. Merleau-Ponty réfute l’hypothèse d’une forme qui survole les matériaux constituant l’organisation idéale, mais valorise l’idée d’un thématisme immanent, d’une essence qui subsiste seulement à l’intérieur de ses variations. Deleuze, lui, semble reprendre sans réserve à son compte ces mêmes notions de forme et de survol parce qu’il les interprète comme des concepts plutôt que comme des causes formelles ou finales. Le concept deleuzien n’est pas pris dans la « pâte » du vécu, mais survole toute expérience vécue et tout état de choses. C’est pourquoi il ne peut être que créé, et c’est pourquoi la philosophie ne peut pas être une activité descriptive, à la manière de la phénoménologie, mais doit être nécessairement constructive. Variations on the Survey Ruyer, Merleau-Ponty, Deleuze and the Status of the Form The main question that I confront in this article concerns the way in which Merleau-Ponty and Deleuze take up the heritage of 20th century finalism. By analyzing some of both of these authors’ basic texts, we clearly perceive their debt to, particularly, the neofinalism of Raymond Ruyer. Merleau-Ponty as much as Deleuze read Ruyer’s work separately from its original context and its explicit intentions, that is, they read it outside of any sort of epistemological demand. Nevertheless, we still find between the two a substantial difference in the manner of using Ruyer’s concepts. Merleau-Ponty refutes the hypothesis of a form that surveys the materials that constitute the ideal organization, but valorizes the idea of an immanent thematism, of an essence that only subsists within its variations. Deleuze, for his part, appears by contrast to take unreservedly into his own account these same notions of form and survey because he interprets them as concepts rather than formal and final causes. The Deleuzian concept is not “infested” with the lived, but surveys all lived experience and every state of things. That is why it can only be created and that is why philosophy cannot be a descriptive activity, in the manner of phenomenology, but will necessarily be constructive.